Poésies Intangibles

Bigot

Je fuis les rives mortes, les fleuves desséchés
Abandonnant mon corps au lit d'une rivière
Je vois la tombe ouverte au sein du cimetière
Qui coulera sur moi ses dalles ébréchées.

Je suis sur une berge, absent et décousu
Perdu parmi les flots immenses du désert
Ou naquirent jadis les perles du rosaire.
Je préfère à tes seins le jardin de Jesus.




De A jusqu'au bout des choses

Sans un bruit dans le jour, sans vibrer ni gémir
Tu t'es levé, ainsi, puis sans pleurs ni regrets
T'es couvert d'un drap blanc et tissé d'un degré
Qui courant vers les cieux allait toucher la myrrhe -
Ton iris pâle et tiède affamait mes pensées.
Nous croyions il est vrai dominer les nuages
Mais ton suaire mouillant a chassé le mirage
Et couvert d'une stèle une plaie à panser.




Féminin

L'éphèbe nu dansait aux milieu des pétales
Couché sur l'Amazone et contre son sein pâle
Donnait une caresse à peine aventureuse.
Alors un vent sucré parcourait l'amoureuse,
Frôlait la peau salée qui frémissait alors
Car maîtresse orgueilleuse, elle avait joué le sort
Cette sorcière idiote ! Et maintenant perdue
Elle succombait déjà sous la paume tordue :
Chimère aussi domptable qu'un félin soumis,
La belle vaniteuse, jadis, avait promis.